une copie de votre visage
Si vous gagnez son estime, Nathan peut beaucoup pour vous.
Vous fournir une copie de votre visage ? Il prétend qu’il en existe.
Nathan est ce genre de type qui devine vos besoins et connait les moyens d’y pourvoir. Il n’a qu’à faire jouer quelques liens. Son prix est modique, le service rendu est inestimable.
Afin de patienter agréablement, car la recherche prendra tout de même quelque temps, il vous recommande un hôtel où il n’est qu’à décrire la chambre désirée pour l’obtenir. Vous l’attendrez là.
Victime d’espionnage dans votre sommeil : des drones viennent vous filmer pour comparer les pertes de signal. Ceux qui se lèvent la nuit dénoncent le poids de la terre. Noctambule, vous attendez à l’arrêt du tramway, mais ce n’est pas le vôtre, vous dit une dame âgée, celui-ci est affrété pour une embauche de sans-papiers.
Au hasard des rues vous croisez une jeune personne que vous croyez aimer, vous connaissez le toucher de soie que fait sa peau. Ceux qui viennent à votre rencontre surgissent du point de fuite que fait une route photographiée. Vous allez au rêve comme on va en excursion, chercher une pièce à conviction : un bois flotté, poli comme un mollet. Dans un dernier souffle est proche, ils se rendent à l’évidence. Chaque sortie de rêve a lieu une seconde avant la fin.
Victime d’amnésie, votre vie est délestée. Mais les mots vous reviennent d’eux-mêmes, à chacune des formes de vie qui leur conviennent. C'est comme dire « Salut » pour la toute première fois, sans connaître le nom ni l’adresse, et pourtant ça fait mouche. Un chien passe de nouveau dans votre bouche. Peu importe qu’il n’aboie pas.
Êtes-vous autorisé à vous plaindre de la langue dans laquelle vous avez trouvé la parole ?
Les sourds se plaignent-ils de leurs mains ?
Quand une forme de vie est seule à la ronde, elle ne tarde pas à entendre une voix.
Et cette voix est la seule au monde. Elle est parlée, à voix haute.
Le monologue et le monothéisme viennent du même désert.
Vous attendez Nathan.
Six jours après, Nathan ne revient pas.
Les retards en affaires sont toujours le fait de trop nombreux intermédiaires.