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Sauf riverains

Pour votre confort et votre sécurité, ceci est votre corps

que la foule aperçoit et contourne, considère.

 

Oui bonjour bonsoir, on peut vous aider ?

Quoi, et quel remuement intérieur avez-vous là ?

 

 

Appelez les rues par leurs noms. Elles vous laisseront traverser. 

 

A l’heure du goudron liquide, vous irez vous mêler,

circuler, suivant vos pensées,

mais de plus en plus bas.

 

 

Prenez une longue inspiration,

une heure de repos

selon un défilement horizontal.

Prenez une heure de repos sans engagement :

les yeux fermés, listes des sonneries et lumières à l’intérieur.

 

Attentifs ensemble

à ce qu’on peut faire, dire ou ne pas faire, dire.

 

Lancez des signaux de votre espèce,

d’une main décrivez un geste heureux, métonymique

de millions de cellules qui passent par toutes les formes de l’abandon.

 

​​​

 

Réduisez avantageusement votre pensée aux techniques

de captation que nous inventons pour elle.

 

L’espace sans plus cogner,

appelez-le central,

un axe à regagner sans cesse sur la névralgie. 

Comment, atteint d’encéphalite, vous ne pourriez plus ni avancer

ni reculer, mais vous seriez toujours capables de danser.

​​

Dans le tumulte que font les autres, vous pensez être le seul à entendre battre vos tempes, le seul à pouvoir vous tenir là, dans ce corps, dans ce nom, dans ce pronom personnel de la deuxième personne du pluriel que l’on vous prête.

La ville dure, commémorative,

tandis que d’autres personnes persistent,

et perpétuent leurs gestes, incompréhensibles.

 

 

 

Si parfois il vous semble vous souvenir de choses que vous n’avez pas vécues.

Si aujourd’hui encore, une idée à vous

ne vous est pas venue à l’idée.

Si une déflagration vous envoie voler en éclats

et si vous retombez sur vous-même

si bien 

que vous rendez l’âme

sans perdre connaissance.

 

 

 


Attention vous avez un trou, un défaut d’aspect ici.

 

Grandeur nature ne coïncide plus.

 

Votre peau, votre nom n'adhèrent plus,

ouvrent la voie à d'autres antennes, 

une mouche, une pluie, 

au hasard ?

​​​

Un faux pas, le genou fléchit et le corps rase les murs,

sous les feuillages ou face contre terre,

cherche où disparaître :

ici même,

auprès du minuscule, du bref et de l’étendue.

 

 


Bien sûr, ce n'est pas si souvent que quelqu'un soit trouvé couché par terre. Mais quand il s'agit de douleur, on devrait quand même arriver à se mettre d’accord sur quelques adjectifs ?

​​

Les mouches tomberont comme des mouches. Et quand on vous réveillera et qu'on vous laissera sur le bord de la route, vous vous sentirez comme tiré du sommeil et laissé sur le bord de la route. 

 

Les foules peuvent bien s'approcher, forcément déçues.

 

Un homme, dix hommes, un peuple tout entier peut bien se coucher

par terre,

il ne se passe jamais rien.

Route barrée, par arrêté, sauf riverains.

 

L’espace où personne ne se cognerait plus, appelez-le central.

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