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NOW (news of the world)

NOW 1

Soudain on a entendu un bruit violent, un portable a sonnerie, des signes de la main vus au loin, ce n’est qu’un détail vu l’ampleur des dégâts, pour autant ce n’est qu'un bilan provisoire vu l'ampleur des dégâts. Des cris de haine se sont emparés des rues populaires, majoritaires dans le quartier, des adolescents de vindicte populaire ont afflué de toutes parts, réclamant la vengeance aux cris de vengeance et de représailles. Les premiers militaires arrivés sur place, bien obligés de les calmer à coups de matraque pour faire leur travail : « c’est une habitude dans la région », nous confie le brigadier, et il allume cigarette sur cigarette, histoire de tenir le coup. « On tente de faire son métier malgré les morts, on est des gens qui souffrent aussi » nous confie le brigadier, et il allume cigarette sur cigarette, histoire de tenir le coup. A des kilomètres de ronde, tout n’est que ruine et désolation, corps démembrés et morceaux de tôle froissée qui ont causé la mort de 52 civils, à savoir l’attentat le plus meurtrier depuis le retrait des troupes américaines en février. Des observateurs étrangers partagés entre stupeur et consternation ont constaté des jambes de corps détachés suspendues dans les arbres alentour.

 

NOW 2

Patrick, oui je me souviens, il venait d’avoir 41 ans, il avait soigneusement rangé son bureau, comme à la veille des vacances, et il avait laissé son ordinateur allumé. Sur son économiseur d'écran, le fond d’écran avec les galaxies, il y avait un message animé en 3D : "Bonne continuation". Personne n'a osé appeler sa femme. On a laissé faire la police.

 

 

 

NOW 3

Dimanche, comme chaque jour, elle part au travail un sourire aux lèvres, courant comme si elle vole. « Si j'avais su qu'elle allait sauter là-bas, je l’aurais empêchée », soupire sa mère assise au sol sous le portrait d'Arafat dans la modeste maison de béton deux pièces. Ne voyant pas en fin d’après midi revenir le dimanche, la famille fait des appels téléphoniques sans réponse. Et mardi soir, la télé annonce la mort de la première femme bombardier suicide, elle a fait exploser une bombe en pleine ville centrale, entraînant la mort avec elle pour un homme d’âge vingt et blessant douze personnes. Selon les prochains, elle était une jeune femme gaie, sensible, en tant qu’infirmière au bord des affrontements, elle disait « si je meurs en martyr, laissez moi seule ». 

 

 

 

NOW 4

Vendredi, elle avait quitté le boulot en lançant à ses collègues, sur le ton de la blague : « je pars un peu plus tôt, je vais me jeter dans la Seine ». Dimanche matin, le corps de Sabine, 45 ans, assistante de direction, a été repêché par les pompiers de Choisy-le-Roi.

 

 

 

NOW 5

Au bout du compte, c’est toute une accumulation de vexations quotidiennes qui deviennent ingérables au quotidien pour les jeunes gens en costumes et oreillettes qui cherchent des explosifs dans nos corps, ils vont trouver les publicités qu’ils ont mis dans nos corps, les petits prix sympa, les rêves de poursuite, santé, psycho, info, porno, enfants, les rêves que tout le monde fait depuis vingt ans, voiture piégée, colis suspect, aéroports placés en vigilance orange, les dimanches au luna park, les amis qui imitent les imitateurs de télévision, un projet de partouze chez les Morel à Grenoble, chez qui on a plus du tout mais plus du tout envie d’aller, les actifs pourris, Toshiba Mitsubishi, pure saleté comme un million d’années de morts entassés dans les rues de la capitale, la plus grande vigilance est recommandée notamment pour votre sécurité, le week-end de la Toussaint est traditionnellement classé parmi les plus meurtriers de l’année. 

 

 

 

NOW 6

Une lycéenne de Ris-Orangis a développé hier une soudaine allergie cutanée à la crème de jour Clarins, après quoi cinq filles de sa classe l’ont tabassé à l’issue d’une moquerie qui a mal tourné.

 

 

 

NOW 7

On l'expose. On l'enferme dans une boite, et on le laisse à lui-même. On le maintient en posture et on le prive de sommeil. On lui maintient la tête dans une bassine d’eau pendant 30 secondes. On lui couvre la tête avec un tissu et on l’asperge d’eau froide. On lui porte un coup avec la semelle de sa botte ou avec une boucle de ceinture. On lui fait écouter du Heavy Metal monté à 120 décibels. Notre mode de vie est non négociable. On lui injecte des piqures pour qu’il tienne plus longtemps éveillé. On l'expose à des températures très basses ou très élevées, sans préavis. On le menotte et on le laisse menotté pendant toute une journée. On le menace, on menace sa famille, sa femme et ses enfants. On le rase contre son gré. On le prive de nourriture solide. On le frappe du plat de la main sur l’abdomen. On le force à se tenir debout, les mains menottées, les pieds attachés au sol pendant plus de 40 heures. On le laisse reposer dans une cellule à 10° C et on l'asperge d’eau froide régulièrement. On l'attache sur une planche, les pieds surélevés, une serviette appliquée sur la bouche et on lui verse de l’eau sur le visage. Notre mode de vie est non négociable. On l'expose à une lumière puissante et constante pour l’empêcher de dormir. On l'interroge pendant 20 heures d’affilée. On lui empoigne avec force les parties génitales, et on tire. On l'enchaîne au sol. On urine sur son livre. On le force à porter un soutien-gorge, à danser avec nous, on le menace avec des chiens mais on contrôle un niveau de stress raisonnable. Notre mode de vie est non négociable.

 

 

NOW 8

Pour preuve, cette étude de l’Ifop de mars dernier, où l’on découvre que 81 % des femmes de gauche auraient déjà pratiqué la fellation, contre 69 % pour les électrices de droite, notamment pour les plus âgées. Au-delà du clin d’œil politique, ce qui frappe, c’est la force des chiffres : autrefois considérée comme la relation au père qui protège et punit, le retour du refoulé est aujourd’hui devenu un incontournable du casual sex, une habitude dans la vie sexuelle des classes moyennes. « Une bonne pipe, c’est très efficace en phase de négociations, quand je veux le faire céder sur la couleur d’un papier peint ou sur le lieu de nos futures vacances », avoue Adèle, 29 ans. « O.K., quand on les suce, on est à genoux. Mais, en même temps, on les tient par les couilles. » s’amuse Pauline, 26 ans, graphiste indépendante.

 

 

 

NOW 9

En Allemagne, des enquêteurs ont demandé à un panel de lycéens ce qu’ils voulaient faire comme métier plus tard, et plus de 25% ont répondu : «artiste».

 

 

 

NOW 10

Aujourd’hui, un homme de 77 ans s’est tiré une balle dans la tête à 9h sur la place Syntagma. Avant son geste, l’homme a laissé une lettre dans laquelle il explique que son âge ne peut plus faire face à la crise, et que la seule solution pour lui est le suicide imposé. Avant de se tuer, il a hurlé qu’il ne voulait pas laisser de dettes à ses enfants. Il était pharmacien de son bon-vivant. Un événement facebook s’est ouvert, qui s’intitule “Tout le monde à Syntagma.» Et aussi «On ne s’habituera pas à la mort”. Ce soir même, une foule de personnes se rend devant l’Assemblée. Certaines personnes sont là pour lui rendre hommage, d’autres sont venues se montrer leur colère : “ce n’est pas un suicide, disent-ils, c’est un assassinat politique”.

NOW 11

Mon nom est s’il vous plait d’appeler les enfants comme quoi je suis vivant. L’homme qui parle ainsi est à portée de main du bras gauche en sang. Allongé à terre dans un couloir de l'hôpital le cinquantième d’âge mûr peut à peine respirer. Autour de lui une douzaine de blessés sont patients d'évacuer. La fièvre aux abords de l’hôpital témoigne de la violence qui a frappé deux heures durant. Les attaques ont visé un restaurant et son hôtel populaire pour la clientèle tempérée, principalement expatriée avec les prostituées. Selon les personnes interrogées, il est presque 19 heures et l'hôtel Continental est pleinement réservé parmi les étrangers, dont les invités du colloque pour la sécurité des industries sensibles et le ministre de la défense, clients premium dans l'établissement. Selon les personnes interrogées il est 19h30 quand trois hommes masqués entrent en effraction et lourdement armés ils ouvrent la cuisson à feu nourri sur les gens. Ils sont venus et ils ont tiré à bout portant les gens au sol, explique l’homme blessé à la main gauche. Il raconte calmement mais avale ses larmes dans la voix : ils étaient des enfants, avaient des armes automatiques trop lourdes aux bras d’enfants. Leurs tirs étaient mauvais, mais cuisants. Ils tiraient sur les gens autour, dit l’homme aux larmes dans la bouche. Je pouvais les entendre parler, ils marchaient autour des gens et ils tiraient encore sur ceux qui n’étaient pas assez morts. Au départ ils ont incendié l’essence. Cent fois crié les évacués sans réponse. Un assaut nouveau serait en cours dans un autre établissement où les médias sur place ont dit non c’est rien.

NOW 12

Je marche en ville hurlant des pieds je pense je suis mort d’une minute à l’autre. Je suis heureux quand ils viennent à moi pour me dire à propos de demain une flotte ira pour l'Italie. Ils m’emmènent sous un hangar avec d’autres gens et dans ce hangar je vis douze jours avec mes frères dans l’haleine d’angoisse. Il fait trop chaud et sans lumière sauf une coupe de pain par personne et par jour. Une fois je proteste pour plus de pain et je ramasse le ressentiment contre les violents qui prennent mes affaires. Mais je leur dois toutes mes économies, c’est 2000 $ le contrat de confiance aux passeurs libyens. La nuit du 14 Août, on suit les types sur la plage. Il y a 60 personnes, hommes, femmes et enfants froids dans la nuit noire. Ils avaient promis un chalutier et c’est un pneumatique. Les passeurs sont à l’aise dans un bateau devant. Ils ont juste distribué une bouteille d'eau par tête et ils ont dit le voyage en a pour 13 heures. Il a duré trois jours en enfer. Pendant le jour il y avait le soleil de plomb et la soif sans ombre. Dans la nuit la peur à cause des vagues de face. Si je bougeais je pouvais tanguer le bateau. Donc je bougeais pas. Je sentais plus mes jambes. J’ai fait mes besoins avec moi. Ceux qui m’ont impressionné sont les cris. Les larmes des enfants. Je vois l’eau et rien autour. Toute l’eau partout à l’horizon j’avais peur pour la seule fois de ma vie. Mais le pire est arrivé à suivre : plus de carburant et une rupture de lattes au plancher. L'eau commence à monter dedans. Un passager avec le cellulaire parvient à contacter Lampedusa mais le temps que la marine italienne, 37 noyés sont morts. J’avais un gilet de salut mais je pouvais pas voir si mes amis flottaient ou étaient descendus sous l’eau. Cent fois je les ai appelés sans réponse. Nous savions pour la mort probable en mer. Mais le Soudan était une mort certaine. Alors Paris est sans regret.

 

 

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