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puisse la logique
prendre soin d'elle-même

 

S'agissant de savoir si chaque chose est de substance sèche et de taille moyenne,

avec un contour discret,

on a proposé que les limites de l’une butent sur les limites de l’autre.

 

Une superstition ancienne interdisait à l’ombre d’un homme de remonter sur un autre homme, mais plus ancienne encore, une impatience à dire plusieurs choses dans un même souffle accéléra le phrasé.

S'agissant de savoir si, inertes ou vivants, les êtres ont été nommés pour qu’on les appelle (attente, récompense), ou seulement pour qu'une fois dotés en différences, on puisse en échanger les signes et

plus tard, à force d'écartements réglés, faire de la linguistique.

Toute attache naturelle ôtée, on peut échanger boeuf contre böf, cheval contre écheveau. Mais aussi bien effet contre vapeur, c’est-à-dire effet boeuf contre cheval vapeur.

 

Tout de même, inquiets d’une sorte de baisse tendancielle de la valeur échangée, il y a toujours des philosophes pour ajouter du même aux choses. Ils disent : la chose même.

 

Pourtant, à l'âge encore de sept ans, suant d'obéissance, très intelligents, nous étions capables de toutes autres choses, de choses qui ne seraient pas en elles-mêmes mais pour d’autres, et un verbe différent pour chaque changement. Nous savions bien que les choses changent plus vite que leurs noms, et qu'il est difficile de voir venir. Quand les choses arrivent, c’est rapide, elles ont lieu.

 

Le coucher du soleil ayant eu lieu rapidement, on eût besoin de phrases plus rapides pour le voir.

 

Un lever de lune n’étant jamais le même, la ressemblance n’oblige pas à tout confondre. A force de répétitions, on dirait un canoë, une rognure d’ongle. Un besoin de diminutifs pour des ressemblances qui perdent en précision, jusqu'au point où il arrive aux ongles de singer des sourires, en passant.

Nous tirons la langue, les deux poings à l'aine, et dans nos yeux fermés voyons des points.

 

On sait bien que toutes les pièces de monnaie de même valeur ne sont pas la même pièce de monnaie dans une poche humide. Soit une mathématique démunie d'unités, le calcul saurait-il improviser ? Et quand pour un même calcul plusieurs individus obtiendraient le même résultat, on peut toujours citer la psychologie : oui, des études sur le mimétisme ont montré que les résultats se déduisent de l’appareil.

Que la pensée fût l'obligée de la parole, nous l'avons déduit de nos voix.

Mais si le mot sabot fait penser à cheval, est-ce forcément au mépris du zèbre, de l'âne ou de la licorne ?Aussi bien, quand un crayon égaré est retrouvé en deux endroits différents, on pourrait dire ici « c’est quoi, ce pinceau docile ? », et là « oh, c’est exactement ce dont j’ai besoin pour commencer à vivre ».

 

 

Toutes choses qui ne seraient pas elles-mêmes mais pour d’autres, et un verbe différent pour chaque changement. Un dépaysement où cet arbre ne sera peut-être plus le même au retour de la promenade, mais un abribus lundi, un chagrin mardi et ainsi de suite, aussi longtemps que l’existence est propriété commune à tout ce qui vient.

Arborer pour le verbe le plus proche possible de la feuille. Verdoyer pour le verbe le plus proche possible de l‘arbre. Aucun verbe ne met la couleur à temps, mais autant que possible un chant affleurant. Sous les anciennes superstitions, nulle chose n’est de substance sèche et de taille moyenne, mais tous les verbes sont synaptiques, arrivants, rapides. Monter montagne comme un mot de taille dérisoire, certes, mais de l'immensité venant sur place. Le mot sens venant au signifiant comme le vert au verdoiement, puis à l’incendie.

Qu'est ce qui rend incident si différent d’incendie ?  

 

Si seulement la logique prenait soin d’elle-même, alors les anciennes séries causales ne seraient plus qu’associations d’idées : comme cigarette mal éteinte, feu de forêt, fumée à l’horizon. Comme extinction de masse, extraction fossile, exploitation subalterne et maximisation du taux de profit.

 

 

Inquiet, un philosophe avait proposé d'avoir une pensée pour cet arbre dans la forêt qui n’en finit pas de tomber

en silence

quand personne n’y est.

 

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