chansons graves
Eloge de la marchandise
Si la marchandise avait une âme,
elle serait la plus sensible des âmes,
car seule la marchandise sait voir en chacun
la solitude qu’elle seule, la marchandise,
sait la manière de consoler.
Chers disparus (dearly departed)
à vous tous
famille amis unis
et autres disparus
regreternels
à X
ami inconnu impossible très cher
disparu larmes
aux cendres
ceux qui sont restés en haut
juillet aout septembre
pense à vous
ah
vous manquez tant
enlevé aux siens prématurément
siècles sans toi
à lui à toi
séparés pour toujours
à jamais pour jamais
votre
ici
les os sacrés
retrouvés
de celui
par qui fut
exclusivement
ici
cendres et sel de la terre
sur nous
et brille
saluez bien des choses de notre part
ainsi soit
et infiniment tranquille
central
parmi belles choses
.
Chanson soudaine
(à deux voix)
Voix 1
Terre immense
la mer autour
vallée féconde
forets d’enfance
sommets nuages
neige éternelle
soleil orange
et les sommets d’en haut
et puis soudain
Puis Soudain le vent se lève,
et bientôt le ciel s’éteint.
Partout la colère gronde,
tout le monde serre les poings.
le vent se lève
vent tourbillon
feu l’océan
les gros bouillons
Orage éclair
frappe la terre
Fracas la foudre
mange la poussière
hiver trois ans
hiver cent ans
Plus d'été plus d'étoiles
Vent très méchant
jour sans matin
nuit sans demain
et puis soudain
Puis soudain la mer écume
bientôt le raz de marée
Partout des cailloux qui tombent
et des oiseaux échoués
Au secours, Au danger
Pas tomber, Pas courir
faut pas pleurer
Au revoir
cendres
au revoir
sur nous
central
infiniment tranquille
parmi belles choses
Adieu Vallée Immense
Adieu Mer Féconde
Adieu allez
sauterelles
saluez bien des choses de notre part
Adieu veaux vaches cochons
Et toi ma colline
et puis allez
adieu tout court
Voix 2
Mer immonde
Désert d’amour
Vallée poubelle
silence autour
et la montée des eaux
voilà l’orage
soleil étrange
et la montée des eaux
et puis soudain
Puis soudain le crépuscule,
et bientôt le ciel s’éteint.
Partout des appels à l’aide,
tout le monde crève la faim.
le ciel s’éteint
tourments violents
volcan vomi
villes englouties
Volcan colère
frappe la terre
Tonnerre très haut
mange la poussière
hiver dix ans
hiver mille ans
Vent très méchant
Plus d'été plus d'étoiles
nuit sans matin
jour sans demain
et puis soudain
Puis soudain les volcans fument
et voilà, tout est cramé
Les maisons dessous les bombes
et les arbres calcinés
Pas crier, Pas bouger
Pour votre sécurité
faut pas courir
Au revoir
et sel de la terre
le soleil
là où il est
central
infiniment tranquille
parmi belles choses
Adieu Forêts épaisses
Adieu Montagnes pliées
Adieu allez
vermisseaux
saluez bien des choses de notre part
Adieu veaux vaches cochons
Et toi ma colline
et puis allez
adieu tout court